- Into The Ride
Semaine 12-16 : l'arrivée à Athènes, la pause hivernale - Anselme
Dernière mise à jour : 25 janv.
Rédigé par Anselme
L'arrivée à Athènes fut différente pour nous trois, puisque je suis arrivé dans la capitale trois jours avant mes camarades. Je m'étais lancé le défi d'arriver à Athènes le jour de mon anniversaire et le 13 décembre, nous installions le campement à 165km d'Athènes, ce qui me sembla
réalisable en une journée si je partais à l'aube. Le 14, je me réveillais vers 6h30 pour partir à 7h30 pétante, et à peine je commençais à sortir du village qu'un chien errant commença à me courir après. Dans les Balkans, il y a beaucoup de chiens errants qui n'hésitent pas à aboyer et parfois à courir derrière les vélos pour en impressionner les conducteurs. Cette fois-ci, la chienne se mit étrangement à courir à côté de mon vélo sans aboyer, et à me regarder fixement avec un sourire béat. Surpris, j'ai continué ma route mais après quelques centaines de mètres, la chienne était toujours là. J'ai décidé de m'arrêter pour la carresser et lui ai demandé pourquoi elle me suivait. Elle s'est roulé sur le ventre et s'est frotté contre mon bras, et je n'avais tout simplement j'avais vu un chien aussi affectueux avec moi. Elle agissait comme si j'étais son maître. J'avais un objectif à atteindre et encore 163km à parcourir, alors je décidai de reprendre la route en espérant qu'elle cesse de me suivre. Mais il n'en fut rien, et elle continuait de me suivre encore et encore, quand bien même j'essayais de la semer. Parfois je la semais dans une descente et pour plusieurs minutes, mais elle n'abandonnait pas et me rejoignait dans la montée suivante. Cela m'a beaucoup ému et je n'ai pas pu m'empêcher de m'arrêter à plusieurs reprises pour lui donner à boire. Elle était épuisée et en surchauffe totale. Mais elle continuait. Au total nous avons parcouru 15km ensemble avant que je décide de remédier à cette situation qui était dangereuse pour elle et qui mettait en péril mon objectif.

J'ai alors rencontré un jeune homme avec un chien qui a accepté de m'aider et de nourrir la chienne pour que je puisse avoir l'opportunité de filer discrètement. Après un gros câlin avec la chienne, avec notamment des léchouilles et un énième roulage sur le dos, je la voyais déguster des saucisses et des croquettes et je m'éclipsais la boule au ventre. La famille du jeune homme a adoré le chien et son histoire et je ne peux qu'espérer qu'ils l'aient prise sous leur aile.
Tout chamboulé par cette rencontre qui dura quand même plus de 2h, je reprenais la route et j'accélèrais la cadence pour rattraper le temps absolument-pas-perdu.
Je m'arrêtais 5-10min environ toutes les heures pour grignoter mais je n'ai pas pris de véritable pause pendant le trajet.
les 100 premiers kilomètres se passèrent comme sur des roulettes, mais les 30 suivants furent une épreuve, j'avais les jambes lourdes et j'avais du mal à avancer, chaque montée me paraissant être une étape du tour de France.
Mais quand au loin j'ai aperçu le Pirée, le fameux port d'Athènes, j'ai regagné de la motivation et j'ai commencé à ne plus rien sentir, j'étais comme sur un nuage. Vers 17h30, la nuit tombait et je commençais à m'approcher d'Athènes quand je pris une route qui se révéla être une voie d'insertion pour l'autoroute. Je me suis mis sur le bas-côté et j'ai décidé, dépité, de rebrousser chemin, à 20km de mon objectif. Après une pause pour acheter de la nourriture, je replanifiais mon itinéraire : + 50km... Et ouais, il n'y avait aucune autre route pour les cyclistes et je devais retourner sur mes pas sur 15km pour ensuite traverser une île proche d'Athènes. Il faisait nuit, j'étais fatigué, mais je ne sentais toujours pas mes jambes et je ne suis pas du genre à abandonner alors je continuais mon périple.
J'ai encore du faire un détour d'une dizaine de kilomètres à cause d'une zone militaire. Les kilomètres s'ajoutent et je réalise que la journée sera de 200km désormais.
Je traverse l'île Salamina à toute vitesse, dans le noir, et je prends le ferry à 21h pour traverser les quelques centaines de mètres qui me sépare de mon objectif devenu obsession. Dans le ferry, j'ai même la chance de voir le premier but de l'équipe de France.

J'arrive au port et je vais immédiatement dans un bar pour chercher de la WiFi et prévenir mes proches que je suis en vie, puisque je n'avais de carte sim et que je les avais prévenu d'une arrivée bien plus précoce. Hop, je reprends la route jusqu'à l'hostel, où j'arrive une heure plus tard. À 23h, sur mon lit, je relâche enfin la pression et je me dit "quelle journée".

Les jours qui suivirent furent constitués de siestes et de ballades dans Athènes pour manger car j'avais la flemme de cuisiner. Quand Damien et Nicolas sont arrivés, j'allais mieux et j'ai pu commencé à réintégrer la société, en parlant aux gens de l'auberge de jeunesse. Nous sommes allés boire des coups avec d'autres jeunes de l'auberge, nous avons la fête, et j'ai essayé de montrer à mes comparses cette ville que je connais puisque j'y suis resté deux mois l'été dernier. Beaucoup d'émotions pour moi de retourner dans cette ville où j'ai rencontré mon amoureuse et où j'ai passé des vacances extraordinaires avec mes meilleurs amis.
Nous nous régalons des plats locaux à base de fêta et de miel, mais aussi des desserts traditionnels tel que le mosaiko (moelleux au chocolat et aux biscuits) et les loukoumades (sortes de donuts assaisonnés de miel et de canelle). Le temps est idéal, et l'on peut se balader en t-shirt.
Le 18 janvier, nous réalisons une intervention à l'école française d'Athènes, dans une classe de CE2, qui se passe merveilleusement bien. Le message passe, et nous avons fait passer un bon moment aux enfants en leur racontant nos "exploits". Après cette belle semaine à Athènes il est temps de nous séparer pour différents horizons, au moins pour quelques semaines. Nico part à Istanbul en train et ferry, Damien reste à Athenes pour voir sa famille qui le rejoint le temps des fêtes, et je pars pour ma part travailler sur une rénovation de bateau à Preveza, à 5h en bus d'Athènes. Il s'agit d'un Work Away, c'est à dire d'un travail réalisé en l'échange du logis et de la nourriture. Je suis accueilli par Ralf et Julia un couple suisse-allemands qui rénovent un catamaran pour vivre dessus par la suite. Nous sommes 4 jeunes entre 20 et 24 ans, et je passe Noël sympathique en compagnie de 4 nationalités différentes (suisse, allemande, irlandaise, americaine).
Il est prévu que nous rejoignons Athènes la semaine du 9 au 15 janvier pour retourner à l'école française et réaliser plusieurs interventions dans des classes de CP, CE1, CE2, et lycée. En attendant, je travaille 7h par jour, 5 jours par semaine sur le catamaran. C'est un travail dur mais qui me plaît énormément. Ralf est un ancien manager et constructeur de bateaux, et il explique très bien et patiemment les choses. J'apprends à toute berzingue et j'apprécie de voir les avancées journalières de notre labeur.
Après 16h, nous sommes libérés et j'en profite souvent pour aller à la plage qui est à deux pas de la maison, me baigner et apprécier le coucher du soleil. Je n'ai pas l'impression d'être en hiver, même si la fraîcheur de la nuit me rappelle à l'intérieur, où j'allume généralement un feu.
Pendant ce temps, Nico et Damien sont sur l'île de Rhodes, ou ils font des travaux de jardinage sur un rythme plus décontracté (3h par jour) dans un autre Work Away, ce qui leur permet d'aller explorer l'île.
En bref, tout roule pour nous trois.
J'en profite pour annoncer que nous allons bientôt sortir une vidéo de questions/réponses sur Youtube et sur Instagram. Si vous avez des questions, il est encore temps de les poser (par mail, ou directement via l'onglet "nous contacter").
Bonne journée à toutes et à tous
Anselme





